Vitacolo n’existe plus
Les collègues et amis de Vitacolo ont décidé de cesser l’activité de l’association. Cette liquidation vient rappeler que l’animation volontaire et l’éducation populaire sont en crise, et que mener des actions sociales et éducatives ne peut pas se faire sans un soutien fort de l’État, des collectivités territoriales, voire de la philanthropie.
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Vitacolo a fait le choix, tout au long de son histoire, de travailler les questions pédagogiques et de les traduire en colos réelles, par exemple avec la colo intergénérationnelle, et de mettre en place des dispositifs d’aides financières pour rendre les colos accessibles. Le choix de Vitacolo a été de faire de l’action sociale et éducative, de ne dépendre d’aucun financement extérieur : les colos payaient les colos. Auto-financer la solidarité et le travail pédagogique, voilà ce que Vitacolo a tenté de faire pendant un peu plus de 15 ans. Sa liquidation démontre que ce modèle est impossible à tenir dans le monde actuel. La solidarité et le travail pédagogique dépendent de financements longs, pérennes et garantis, c’est-à-dire d’une intervention publique.
Argent inaccessible
L’État, les collectivités dépensent des millions d’euros pour les colos et l’éducation populaire, mais l’argent était inaccessible à Vitacolo. Ces fonds sont dédiés soit à des aides à l’achat de séjours qui ne font que renforcer la concentration du secteur et la concurrence ; soit à des appels à projets (AAP) permettant de financer des conventions pluriannuelles d’objectifs des gros acteurs historiques ; soit à des AAP temporaires à l’action limitée. Pour soutenir le projet associatif de Vitacolo, il n’existait que le Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire) avec son aide famélique de 7 164 € par an pour un équivalent temps plein. Le social et l’éducatif de Vitacolo n’étaient pas financés.
La mort de Vitacolo n’est que l’un des signaux faibles des errements d’un champ qui, sous couvert de discours inclusif sur les mixités ou sur l’apprentissage de compétences, permet l’appropriation par quelques-uns des financements publics et laisse mourir les acteurs intermédiaires. C’est la loi du marché, a expliqué le ministre au moment du Covid, or les gros organisateurs de colos ne font ni solidarité, ni inclusion, ni réel travail pédagogique. Ces gros acteurs sont-ils cyniques, menteurs, mercantiles ou simplement incapables de voir les effets de leurs choix ?
Alors que paraît notre numéro consacré à l’esprit critique, j’ose croire que le secteur ouvrira les yeux sur ce qu’il se passe. Les miens sont ouverts depuis longtemps mais embués par la disparition des assos amies.
- Titre :
- Vitacolo n’existe plus
- Auteur :
- Jean-Michel Bocquet
- Publication :
- 22 février 2025
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/2694
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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