Graine de jeu : à vous de créer un jeu de société !

Revue : Le Journal de l'Animation n°248

Le centre national de Formation aux Métiers du Jeu et du Jouet FM2J organise chaque année un concours de création de jeux de société pour jeunes auteurs en herbe. Découvrez ce projet d’animation original !

Les gagnants de l'édition 2024 du concours Graine de jeu.

Par

Caroline Cattaneo

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Publié le

23 octobre 2024

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Numéro 248

Le concours Graine de jeu invite les ludothécaires, animateurs, éducateurs, enseignants… à embarquer un groupe d’enfants âgés de 6 à 17 ans dans l’aventu- re de la création d’un jeu de société unique, sur une bonne partie de l’année scolaire. Une seule participation est autorisée par structure (accueil de loisirs, ludothèque, médiathèque, structure spécialisée, école…). Pour participer, voici les étapes à suivre :

1 – Créer un jeu de société original avec un groupe d’enfants ou d’adolescents.

2 – Tourner une vidéo de 20 minutes au maximum comprenant une présentation du matériel et une partie filmée.

3 – Participer au concours en envoyant, avant le 5 mai 2025, la vidéo, le dossier d’inscription avec le règlement signé (à télécharger ici) et la règle du jeu.

4 – Après délibération du jury, les trois premiers prix et le lot de jeux à gagner seront attribués !

Un projet sur l’année

Ce concours est une belle opportunité pour mener un projet transversal sur l’année scolaire avec un groupe d’enfants ou d’adolescents. Voici quelques idées pour pleinement profiter de Graine de jeu :

• Se rapprocher d’une ludothèque : la ludothèque est un lieu ressource où les animateurs et les enfants pourront découvrir l’univers du jeu de société, emprunter des jeux, faire intervenir le ludothécaire dans l’ACM, et même se faire accompagner dans le processus de création de leur jeu !

• Animer un projet de découverte de jeux de société : avant de créer soi-même un jeu, il convient de découvrir un maximum de jeux. On identifie alors les différentes mécaniques, les ressorts ludiques, les thématiques qui existent. De nombreux jeux originaux méritent d’être découverts. En affinant sa connaissance des jeux et en partant de ses goûts, on identifie plus facilement le type de jeu que l’on souhaite créer !

• Accompagner le processus créatif du groupe d’enfants : créer un jeu se fait sur un temps long, particulièrement lorsque c’est en groupe. Il faut des temps de rencontre réguliers pour laisser libre cours à sa créativité, se mettre d’accord, trouver des compromis, exprimer ses envies, tester, abandonner certains choix, réajuster, analyser… L’animateur joue un rôle fondamental dans toutes ces étapes de travail collectif en vue de l’élaboration du projet.

• Créer le prototype : n’est pas graphiste qui veut et fabriquer un beau jeu est difficile. Toutefois, le jeu fait appel aux sens (vue, toucher, etc.), aussi la qualité de la maquette attirera plus facilement le futur joueur. La réalisation matérielle du jeu est l’occasion d’utiliser des matières et des techniques d’arts plastiques variées pour un rendu unique, au service du jeu : pâte fimo, peinture, tissu, dessin, origami…

• Écrire la règle : la règle est un élément central puisque c’est elle qui structure le jeu. Elle doit être claire et bien construite pour le joueur (et aussi parce que c’est un élément évalué par le jury !). Les Graines d’auteurs pourront réfléchir à la façon dont une règle est structurée et comment la rendre la plus intelligible possible. C’est aussi l’occasion de manier l’informatique et les outils de mise en page.

Julien Demaret, membre du jury de Graine de Jeu

Le Journal de l’Animation : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Julien Demaret : Je suis passionné de jeux sous toutes leurs formes. J’adore partager cette passion, c’est pourquoi je suis animateur ludique pour des éditeurs de jeux, formateur pour animateurs et directeur d’ACM. L’animation et le jeu, c’est vraiment dans mon ADN !

JDA : En quoi ce concours est-il un projet d’animation intéressant ?

Julien Demaret : Les enfants débordent d’imagination. Ils créent et inventent sans cesse, souvent sans qu’on s’en rende compte. Ce concours est une super occasion de leur permettre d’exprimer leur créativité tout en créant du lien avec les adultes autour du jeu. C’est aussi une opportunité pour découvrir et partager des jeux de toutes époques.

JDA : En tant que membre du jury, auriez-vous un conseil à donner aux lecteurs qui hésiteraient à tenter l’aventure cette année ?

Julien Demaret : Pas besoin d’être un expert des jeux ! Il existe plein de ressources pour vous accompagner, que ce soit en ligne ou dans les ludothèques. Et même si vous ne gagnez pas, l’expérience elle-même est le véritable trésor : les enfants découvriront plein de jeux et apprendront beaucoup sur eux-mêmes, avec à la clé un jeu unique qu’ils auront créé ensemble.

• Réaliser la vidéo : de la mise en scène au tournage, jusqu’au montage, Graine de jeu est aussi l’occasion d’animer un projet vidéo original. Il faut réfléchir à ce que l’on souhaite filmer, à la façon de le cadrer, aux éléments à ajouter en post-production comme de la musique ou du texte. Il existe sur Internet des logiciels gratuits permettant de faire du montage (par exemple Shotcut ou VSDC Video Editor).

• Faire découvrir le jeu créé : lauréat ou non, le jeu créé mérite d’être présenté au reste des adhérents de votre structure et aux parents. Organiser un temps de rencontre et de présentation valorisera les Graines d’auteurs et leur création. Ce sera aussi l’occasion pour eux de s’essayer à l’explication de leur règle et de prendre la parole en public. C’est une manière conviviale de clore ce projet.

Alexandre Droit, président du jury de Graine de Jeu

Le Journal de l’Animation : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Alexandre Droit : Je suis passionné par la création sous toutes ses formes. J’ai travaillé pendant 15 ans dans la publicité en tant qu’infographiste, et à 40 ans, plein d’idées de jeux en tête, je me suis lancé dans la création de jeux de société. J’ai créé seul ou à plusieurs plus d’une soixantaine de jeux et actuellement 27 sont édités.

JDA : Avez-vous un jeu ou une anecdote qui vous a marqué parmi ce que vous avez vu lors de toutes les éditions de Graine de jeu ?

Alexandre Droit : Les jeux présentés sont souvent des dérivés de jeux classiques mais de temps en temps, il y en a un qui sort du lot. Je me souviens par exemple d’un jeu qui s’appelait Le théâtre hanté. Un joueur incarnait un fantôme et mettait les autres joueurs au défi de retrouver le décor de la scène dans laquelle il jouait lors de sa mort tragique ! Ce jeu se démarquait clairement des autres par son thème, sa réalisation et aussi parce qu’il était coopératif. Il était vraiment original et visuellement très réussi !

JDA : Que diriez-vous à nos lecteurs qui hésitent à tenter l’aventure ?

Alexandre Droit : Foncez, jetez-vous à l’eau ! Rentrez dans la tête d’un auteur de jeux ! Vous n’avez rien à perdre, l’aventure en vaut la peine. Tout ne sera que positif, vous allez échanger vos idées avec d’autres, débattre et créer un objet. Au final, vous allez forcément vivre une expérience particulière.

JDA : En tant qu’auteur émérite, auriez-vous un conseil à donner ?

Alexandre Droit : Je n’aime pas trop donner des conseils. Je parlerais plutôt de qualités qu’il est bon d’avoir : la plupart du temps, il faudra accepter la critique (si elle est constructive !), savoir se remettre en question, faire plein de tests, être persévérant, mais surtout être… patient ! Et le plus important, c’est de se faire plaisir ! Dans le cas de Graine de jeu, c’est forcément un peu particulier, car les enfants travaillent leur jeu en un temps donné, et n’ont bien évidemment pas les mêmes connaissances ludiques qu’un auteur.

Les conseils de FM2J

• Éviter le plagiat : s’il est vivement conseillé de s’inspirer de jeux existants, il est interdit de présenter une copie !

La règle du jeu et le matériel doivent être retravaillés jusqu’à trouver un équilibre satisfaisant durant les parties.

• Privilégier un jeu simple et rapide : plus le jeu est long, plus il est difficile à équilibrer. Un jeu trop long risque aussi de faire décrocher les joueurs. Enfin, n’oubliez pas que la vidéo ne dure que 20 minutes au maximum ! Favorisez donc un jeu simple dans sa mécanique (ce qui n’empêchera pas la possible profondeur de jeu).

• Soigner la vidéo : le jury n’aura pas votre prototype sous les yeux, et ne pourra se baser que sur les éléments envoyés, dont la vidéo ! Sans avoir des talents de vidéaste virtuose, veillez particulièrement à ce que la vidéo soit compréhensible, l’image stable et les principaux éléments visibles. Choisissez un lieu de tournage calme et sans bruit parasites.

• Tester et réajuster : il est très important de faire plusieurs parties pour vérifier les possibles points de blocage ou de déséquilibre. C’est en testant et en réajustant sa règle et son matériel que l’on équilibre son jeu. Aucun jeu n’est parfait du premier coup, même pour les plus grands auteurs !

• Privilégier la récupération : pour votre prototype, nul besoin d’acheter de matériel, réalisez-le à partir d’objets de récupération. Récupérez les pièces de vieilles boîtes de jeu : dés, pions, toupies… Utilisez des calendriers obsolètes pour faire les plateaux, des manches à balais pour découper des pions… Glanez des objets naturels comme des glands, des petits cailloux…

Quelle fierté d’aller au bout du projet ! Mais vous l’aurez compris, créer un prototype n’est pas facile et fait appel à de nombreuses compétences. Voilà une belle occasion de valoriser les talents de chacun ! L’ajustement prend du temps et parfois vous aurez l’impression de ne plus avancer et cela peut être décourageant. Il sera peut-être alors nécessaire d’aller chercher des ressources extérieures : festival de jeu, auteur de votre territoire, associations, experts, etc.