IA générative : sensibiliser les jeunes à ses possibilités et à ses risques
L’IA générative a toute sa place dans l’animation. Elle peut vous aider à produire du contenu au quotidien, comme il est de votre devoir d’aborder ses possibilités et ses dangers avec les adolescents qui l’utilisent parfois très régulièrement.

Il y a moins de trois ans, le 30 novembre 2022, était présenté le modèle de langage ChatGPT. Le grand public découvrait alors l’intelligence artificielle (IA) générative et ses incroyables possibilités. Depuis, cette avancée technologique majeure alimente l’actualité et ses usages qui ne cessent de se démultiplier engendrent de nombreuses craintes…
Déjà, de nombreux corps de métier pourraient voir leurs effectifs considérablement réduits car certains de leurs travaux peuvent être automatisés. Citons les illustrateurs, les comptables, les traducteurs, les journalistes, etc. Ensuite, ces outils facilitent la création de contenus faux mais convaincants et de campagnes de désinformation automatisées. On pourrait ajouter les atteintes à la vie privée, car les usages intensifs de l’IA dans la collecte, l’analyse et le croisement de données personnelles suscitent de fortes inquiétudes en matière de libertés individuelles.
IA générative, kézako ?
Il s’agit d’une intelligence artificielle capable de créer du contenu en s’appuyant sur des modèles d’apprentissage entraînés sur de vastes ensembles de données. Attention, elle doit obéir à un « prompt » pour créer du contenu, elle ne crée pas d’elle-même. Le « prompt » est l’instruction donnée pour que l’IA générative exécute une tâche spécifique : rédiger un texte, générer une image, effectuer un calcul…
Des usages et des questions
Pour autant, et c’est ce qui fait la richesse de cette technologie, ses usages très nom- breux peuvent nous servir et nous aider à réaliser des tâches au quotidien. Ainsi, comme le rappelle William Gassien dans son dossier Des activités ludiques pour découvrir l’intelligence artificielle (mars 2025), « l’IA peut aujourd’hui aider les équipes d’animation à automatiser les tâches administratives, faire le plan ou le compte-rendu d’une réunion, écrire des courriers, élaborer un programme d’animations, éditer les règles ou les variantes d’un jeu, préparer un scénario ou une histoire à vivre, rédiger un dossier éducatif, produire des flyers, donner des idées d’animations, créer un podcast… ». C’est séduisant, surtout lorsqu’on manque de temps, et les adolescents, qui l’utilisent pour se débarrasser rapidement de leurs devoirs, ont bien compris ses possibilités.
C’est là aussi que se cachent les dangers de cette technologie qui produit textes, images ou vidéos de manière automatisée. Assurément, elle redéfinit nos rapports à l’information, à la créativité et au savoir. On n’oubliera pas non plus que, sous des apparences de vérité, l’IA peut inventer des faits (« elle hallucine ») et les présenter comme vrais. Par ailleurs, même si notre postulat de départ est faux, elle ne nous contredira pas et nous confortera dans nos erreurs. Donc, sans accompagnement, les risques de manipulation, de plagiat ou de désinformation sont réels.
Réfléchir et faire réfléchir
Donner aux jeunes des clés de compréhension est ainsi une nécessité. Plus que leur apprendre à utiliser l’IA générative, qui au final est assez intuitive, il faut les amener à se questionner sur ce qu’elle produit, pour qui et dans quel but. Ou encore développer une culture de la vigilance pour interroger les algorithmes, discuter les biais, tenir compte de l’opacité des bases de données entraînant les IA génératives… Cette démarche éducative rejoint les recommandations de l’Unesco sur l’éducation aux médias et à l’information. Lors de chaque usage, on demandera aux jeunes de rédiger des instructions efficaces, en donnant autant d’éléments de contexte que possible (la précision de la demande joue sur la réponse), et de ne pas se contenter de la première réponse (on dira à l’IA ce qu’on aime ou pas et ce qu’elle doit retravailler).

Il faut également amener les jeunes à utiliser plusieurs outils et comparer les résultats obtenus avec les mêmes instructions. Ils pourront, comme l’équipe d’animation, expérimenter par exemple ChatGPT, Mistral AI, un outil français qui fonctionne sans Internet une fois installé, ou encore l’IA chinoise DeepSeek, qui ne répond pas aux questions contestant le régime chinois mais dont le code est en licence ouverte. Chaque IA a ses spécificités et il faut apprendre à les connaître. De la même manière, la génération d’images à partir de textes peut s’effectuer entre autres avec Dall-E, MidJourney mais aussi Ideogram.
Le dernier conseil qu’on vous donnera est de ne pas vous éparpiller : expérimentez un ou deux usages avec les jeunes, plutôt que de multiplier les entrées et, au final, perdre beaucoup de temps et ne rien produire de satisfaisant. L’intelligence artificielle générative est en évolution constante et c’est à nous, comme à la jeunesse, qu’il convient d’en maîtriser les usages et d’en dessiner les limites. « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »
- Titre :
- IA générative : sensibiliser les jeunes à ses possibilités et à ses risques
- Auteur :
- Florent Contassot
- Publication :
- 29 avril 2025
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/2760
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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