Déconfinement : des précisions pour l’école, des questions pour l’animation

Dans le cadre de la levée du confinement, Édouard Philippe a annoncé, devant l’Assemblée nationale, le 28 avril 2020, une "réouverture très progressive des maternelles et des écoles élémentaires à partir du 11 mai, partout sur le territoire et sur la base de volontariat". À partir du 18 mai, "seulement dans les départements où la circulation du virus est très faible" (le ministère de la Santé présentera à partir du jeudi 30 avril une carte de ces départements mise à jour quotidiennement), sera engagée la réouverture des collèges, en commençant par les classes de 6e et 5e. Pour les classes de 4e et de 3e, la décision sera prise fin mai, comme pour les lycées, qui resteront fermés au moins jusqu’à début juin. L’enseignement à distance perdurera.

Quand ils auront repris, les élèves auront quatre possibilités pour suivre leur scolarité : "soit à l’école, soit chez eux, soit en études - si les locaux le permettent -, soit dans des locaux périscolaires mis à disposition par les collectivités si elles le souhaitent", afin notamment de participer aux activités déjà évoquées par Jean-Michel Blanquer sous le nom de 2C2S, pour Sport, santé, civisme et culture. Aucun détail supplémentaire n’a été délivré quant à ces activités, ni sur leur contenu, ni sur leur cadre réglementaire, ni sur les personnels qui les encadreront (animateurs, enseignants, volontaires, intervenants associatifs ?).

Pour la réouverture des établissements scolaires, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a précisé mercredi 29 avril sur BFMTV/RMC qu’il y aura un "cadre national" qui sera ensuite décliné au niveau local avec "beaucoup de souplesse". Ce cadre comprendra notamment "un protocole national sanitaire" qui définira les règles d’arrivée progressive des classes dans l’établissement et un "cadre pédagogique" qui explicitera "ce qui se passe pour chaque niveau". Sur France Info, le 29 avril, le ministre de la Santé Olivier Veran a confirmé que "tous les personnels et enseignants porteront un masque", y compris pendant les cours.

Qui accueillera les enfants le mercredi ?

Le ministère laissera aux écoles le soin de fixer chacune leur rythme, le ministère incitant à privilégier plutôt par demi-semaine ou une semaine sur deux plutôt que des demi-journées. Chaque famille sera informée de l’organisation de son école entre le 4 et le 7 mai. Le lundi 11 mai sera consacrée à la pré-rentrée des enseignants et les premiers enfants rentreront donc à partir du mardi 12 mai.

Pour la cantine, tous les cas de figure seront possibles : des repas dans la classe, dans le réfectoire habituel mais avec des horaires de services différents pour limiter les effectifs, etc. "Chaque commune et chaque école aura sa propre organisation selon sa situation", a souligné Jean-Michel Blanquer. Pas un mot en revanche sur l’accueil des enfants avant et après la classe ou le mercredi : les accueils périscolaires seront-ils rouverts ou maintiendra-t-on les modalités des accueils d'urgence ? Les accueils auront-ils lieu dans les écoles ou dans leurs locaux habituels ? Dans quelles conditions sanitaires tant pour les animateurs que pour les enfants ?

Les colos, dans le grand flou

Le ministre a précisé que la date de départ en vacances d’été reste fixée au 4 juillet. Interrogé sur les séjours d’été, il a répondu travailler "sur un nouveau concept de colonies de vacances, les vacances apprenantes. On aura des colonies de vacances qui renforceront parfois ce qui existe déjà, c’est-à-dire une dimension éducative de la colonie de vacances, et qui parfois iront un peu plus loin, pour qu’il y ait du soutien scolaire intégré. Les vacances 2020 seront donc forcément très différentes de ce que nous avons vécu" mais "les enfants doivent avoir de l’épanouissement".

Ces maigres informations ne sont pas de nature a rassurer les acteurs du secteur, qui restent dans l’incertitude la plus totale quant à la réouverture des accueils périscolaires à compter du 11 mai, et au-delà sur les conditions de mise en œuvre des accueils et séjours de l’été à venir. D’autant qu’Edouard Philippe, dans son allocution, a renvoyé à la fin mai pour l’annonce de décisions relatives à l’été. Une date bien trop tardive évidemment pour pouvoir prétendre organiser en quelques semaines le recrutement d’équipes d’animation, préparer l’accueil dans des conditions sanitaires et éducatives satisfaisantes, informer les familles, enregistrer les inscriptions, etc.

La JPA exprime les inquiétudes du secteur

Des inquiétudes bien résumées dans la lettre ouverte adressée mardi 28 avril par La Jeunesse au Plein Air à Jean-Michel Blanquer et son secrétaire d’État Gabriel Attal. La JPA réclame :
• la définition des conditions dans lesquelles les ACM vont pouvoir rouvrir (calendrier, zones géographiques, taux d’encadrement, taille des groupes…), avec le concours de tous les acteurs concernés (collectivités territoriales, associations, organisateurs, animateurs, parents…) et en prenant en compte les enjeux pédagogiques de la vie collective dans le contexte actuel ;
• un soutien aux organisateurs de séjours pour la mise en place des mesures sanitaires au sein des ACM (financier, technique…) ;
• un plan de soutien des colos, permettant de lever le frein financier que recontre une partie des familles pour faire partir leur enfant ;
• la promotion auprès des familles de la plus-value éducative des ACM et des mesures sanitaires qui seront prises, afin de les rassurer sur les conditions d’accueil de leur enfant ;
• la garantie que les enfants et les jeunes et situation de handicap ne seront pas privés de séjours éducatifs.

Espérons que le mutisme de Jean-Michel Blanquer sur le sujet prendra fin rapidement, afin que les organisateurs d’ACM puissent travailler à la mise en place de leurs accueils et séjours qui, s’ils ont lieu, se dérouleront quoi qu’il en soit dans des conditions bien particulières.

David Jecko avec AEF