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Carnets d’été : quand la crise incite les animateurs à revenir à l’essentiel

Chapo
Organiser des camps et des accueils de qualité à moindre coût, c’est possible ! La preuve avec le club ados de l’association LEA de Grasse.
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“Le groupe rassemble tous les quartiers de Grasse et forme comme une petite famille”, lance Benjamin Haupaix, responsable du club ados de l’association Loisirs Éducation Art. “C’est un bel exemple de mixité sociale, avec autant de garçons que de filles, et des origines variées. La preuve qu’on peut vivre ensemble malgré des différences.”

Le regard qu’il porte sur l’évolution de son travail ces dernières années de crise donne un éclairage pertinent sur la période.

Autonomes et responsables
“Comme tout le monde nous subissons un contexte économique très difficile, avec une baisse des subventions de la part de tous les partenaires. Nous avons dû adapter notre manière de travailler. Malgré la complexité de la tâche, je trouve que cette réorganisation forcée a permis de mettre en place un fonctionnement moins coûteux et bien plus pédagogique. C'est devenu une véritable force dans ce club ados.”
Par exemple, la structure a dû abandonner les gîtes en demi-pension ou pension complète pour de la gestion libre, passant ainsi d’hébergements à 35 ou 40 euros par jour, à des nuitées à 10 euros (et 6 euros pour le repas) !

“Nous sommes implantés en PACA, où les prix touristiques sont élevés. Cela nous a motivés pour partir ailleurs, ce qui induit un intérêt de découverte pour d’autres destinations. Cet été, les jeunes sont allés dans le Gers, à la rencontre notamment du foie gras ! Même si l’on considère les frais de carburant pour des véhicules de 9 places, d’autoroute, le prix du séjour par personne demeure très raisonnable. Nous optimisons vraiment les déplacements et les hébergements.”

Quoi de mieux pour travailler l’objectif visant à rendre les enfants et les adolescents autonomes et responsables ? Les courses, la cuisine, la vaisselle et le ménage sont partagés par tous, avec un système de vie quotidienne qui s'est rôdé au cours du temps.

“Ce système nous l'avons adopté aussi bien lors des séjours que lors de l'ALSH. Depuis 3 ans, nous sommes en autonomie complète sur les repas. Cela a forcément demandé un effort de la part de l'équipe d'animation qui a dû assimiler les règles HACCP, et organiser la journée différemment de manière à ne pas perdre trop de temps sur la vie quotidienne. Tous les contrôles de la DDCS et de la DSV ont eu un retour positif.”

Au niveau des sorties, le club ados a réduit les sorties payantes : une par période de petites vacances scolaires, et une par semaine l'été, puis cinq camps de cinq jours sur l'année, soit un par période de vacances.

Horizons nouveaux

En plus de ça, histoire de compliquer la tâche, Benjamin a fixé une contrainte : pas de camp deux fois au même endroit et de la nouveauté en permanence ! “Car l'un de nos objectifs est de favoriser la découverte d'horizons nouveaux. Ce véritable défi pour l'équipe d'animation a été une source inépuisable de projets, d'animations, de journées à thème, de grands jeux. Cette innovation permanente nous a permis de fidéliser nos ados car chaque période de vacances est unique (certains viennent jusqu'à leur majorité), et d'enregistrer ainsi une progression permanente des inscriptions depuis trois ans. Pour le mois de juillet, le club ados affichait 100% de remplissage pour une capacité de 32 ados. Et même chose en août avec seulement 24 places. J’avoue même que je ne fais plus de communication, et pourtant nous sommes complets…”

En résumé, ils sont sortis de la consommation, sauf s’il y a un réel intérêt. “Il s’agit de faire de l’animation, de la vraie ! Avec des grands jeux, des sorties à thème, et des sorties gratuites, comme ce fut le cas cette été pour la visite du fort de Brégançon, et de quelques musées. Occuper le reste du temps des ados sans dépenser un euro : c'est possible !”, insiste Benjamin.

Et les exemples sont nombreux au sein du club ados. Pour la réussite d’une journée thématique sur le cinéma, la veille au soir avec l’équipe d’animation, Benjamin n’a pas hésité à refaire totalement la déco du centre de loisirs… “On a notamment implanté une salle de projection (les jeunes avaient le choix entre une sélection de 27 films très variés), il y avait un tapis rouge, une machine à pop-corn, mais également des décors afin qu’ils puissent tourner un court-métrage.”

Agir pour les autres

La crise n'est pas non plus une raison pour ne pas s'investir pour les autres. “Depuis deux ans, notre club ados soutient l'association ELA (Association européenne contre les leucodystrophies). En deux saisons, plus de 8 000 euros ont été collectés par nos ados. Huit d'entre eux sont ambassadeurs d'ELA. Pour ce faire, nous organisons régulièrement des défis de collecte afin de récolter de l'argent. Cet été est consacré à un projet de court-métrage sur un thème en lien avec la citoyenneté. Il est réalisé dans son intégralité par les ados. ELA est une cause noble, et ça se ressent. Cette saison, nous devrions avoisiner entre 3 000 et 4 000 euros de dons.”
En conclusion, Benjamin Haupaix soutient que le contexte économique difficile a aussi du bon. Il oblige à s’adapter, à rechercher une nouvelle manière de travailler, parfois à se recentrer sur l'essentiel même si cela n'est pas aisé au quotidien.

“Notre structure fonctionne bien, mais cela demande beaucoup d’investissement. Les 35 heures, je ne connais pas… Pour réussir, j’ai la chance de m’appuyer sur une équipe qui tient la route et qui connaît particulièrement bien l’animation pour les ados. C’est une volonté de tout le groupe de veiller à l’épanouissement des ados en leur faisant découvrir autre chose que leur quartier. Avec quatre animateurs permanents (je risque de perdre la moitié de l’effectif…), nous mettons la barre haute. On fait de l’éducatif et du pédagogique, pas de la garderie.”

Le responsable du club ados récupère les fruits de son travail, les ados sont fidèles à ce qui est mis sur pied.  “On a parfois des petits mots du genre “Merci de m’avoir fait grandir”. Ça fait chaud au cœur. Certains de nos jeunes veulent devenir animateurs, c’est productif, ça démontre qu’il y a du monde derrière !”
Alexandre Verguet

Titre :
Carnets d’été : quand la crise incite les animateurs à revenir à l’essentiel
Auteur :
David Jecko
Publication :
30 décembre 2024
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/685
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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