15 ressources pour contrer l’individualisme et la quête identitaire
Voici une sélection de sept livres et huit vidéos en complément du dossier pro "Réagir face aux dérives de l’individualisme et de la quête identitaire" paru dans Le Journal de l’Animation n° 225 (janvier 2022).
LIVRES
L'Individualisme est un humanisme
François de Singly, Éditions de l’Aube, 12 € (2019)
Le sociologue François de Singly répond aux détracteurs de l'individualisme. Souvent on pense l'individualisme comme le règne de la concurrence généralisée, de la guerre de tous contre tous et du libéralisme économique. C'est oublier que l'individualisme occidental est tout autre chose : avoir, par exemple, le droit d'aimer quelqu'un sans intervention familiale, de participer à une élection démocratique et aux décisions concernant sa vie… Certes, cette liberté exige que l'individu aie les moyens de devenir lui-même et de ne pas subir de discriminations. Alors, l'individualisme devient un humanisme. L'horizon positif de cet essai fournit des arguments pour critiquer ce qui tend, en permanence, à faire que certains soient moins "individus" que d'autres.
Moi, je ! De l'éducation à l'individualisme
Daniel Marcelli, Albin Michel, 21,90 € (2020)
Depuis le XVIIe siècle, l'être humain est passé du statut de sujet à celui d'individu. Cette évolution concerne aussi le bébé, sur lequel le regard a changé. À partir des années 1980, celui-ci est vu comme une personne, abstraction faite de son état de dépendance primitif. Unique, doté d'un potentiel à développer, l'enfant est d'emblée érigé en un individu dont le désir s'impose. La verticalité disparaît, et avec elle le principe d'autorité traditionnelle. La question de l'identité apparaît alors telle qu'elle se pose aujourd'hui, où l'individualisme triomphe. Si chez l'individu le "moi d'abord" occulte le rapport à l'autre, le lien social risque d'être menacé et la société d'en payer le prix.
Controverses sur l'individualisme
Danilo Martuccelli, Hermann, 20,99 € (2014)
Depuis l'avènement des temps modernes, l'individualisme n'a cessé d'être l'objet de réflexions croisées dans les sciences humaines et sociales. Pour certains, il s'agit d'une des grandes matrices historiques des sociétés contemporaines et d'un principe indubitable de liberté des individus ; pour d'autres, au contraire, il est un objet indispensable de critiques parce qu'il est une des grandes sources des maux des sociétés modernes. Pour de ce livre, l'individualisme a été surtout une boussole pour revenir, à partir de leurs trajectoires personnelles, sur différentes traditions intellectuelles. Au cours de cinq conversations, souvent par des visions polémiques, les deux auteurs, expriment certains accords et désaccords, mais surtout des remarques et des explicitations critiques.
L’identité, pour quoi faire ?
Collectif, sous la direction de Jean Birnbaum, Collection Folio essais (n° 665), Gallimard, 7,50 € (2020)
Parce qu'on l'associe spontanément, aujourd'hui, à une série d'inquiétudes portant sur la culture, les traditions, les manières de vivre, et parce qu'elle peut nourrir une rhétorique d'exclusion, voire de violente intolérance, la notion d'identité est parfois réduite à ses enjeux les plus périlleux. Or, elle dépasse de loin ces seuls débats. Avant même de toucher à la politique, la question de l'identité s'impose à tout individu conscient. L’évacuer, en faire un mot maudit, un mot moisi, sous prétexte qu'il provoquerait une dérive "essentialiste", ce serait passer à côté de l'essentiel. Ce serait ignorer que, pour déconstruire l'identité, il faut d'abord en affirmer l'épaisseur humaine, et même, peut-être, en revendiquer la puissance émancipatrice.
Race et sciences sociales - Essai sur les usages publics d'une catégorie
Stéphane Beaud et Gérard Noiriel, Agone, 22 € (2021)
Sur le terrain de la "race", toute prise de position est perçue comme une concession à l’adversaire, voire à l’ennemi. L’urgence d’y voir clair n’en est que plus grande. D’abord parce que le langage identitaire est devenu incontrôlable et peut servir toutes les manipulations. Ensuite, parce que dans les discours publics, la "race" fonctionne désormais comme une variable bulldozer qui écrase toutes les autres. Enfin, parce que le langage identitaire prive le combat anti-raciste de son référent universaliste. Comment les sciences sociales d’aujourd’hui peuvent subir cette évolution ou y contribuer ? On ne peut rien comprendre au monde dans lequel nous vivons si l’on oublie que la classe sociale reste le facteur déterminant auquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes.
La matrice de la haine
Frédéric Potier, Éditions de l'Observatoire, 16 € (2020)
Ce livre est un plaidoyer en faveur de l'universalisme des droits et d'une République forte et généreuse. Face aux tensions et discriminations qui enflamment la France, souvent amplifiées par les réseaux sociaux, l’auteur propose un état des lieux aussi documenté qu'alarmant des discours et des actes de haine en France. Ce combat n'est pas le monopole réservé à une ou plusieurs "communautés" ; il ne fait qu'un : lutter contre le racisme, l'antisémitisme, la LGBT-phobie, au nom d'idéaux qui nous sont communs ; s'y opposer pour les mêmes motifs que nous refusons la peine de mort ou la torture, car il s'agit tout simplement de violations des droits humains fondamentaux ; voici les valeurs, inspirées des Lumières, qui doivent être érigées en principe moral et politique.
L'ère de l'individu tyran - La fin d'un monde commun
Éric Sadin, Grasset, 20,90 € (2020)
Protestations, manifestations, émeutes, grève ; crispation, défiance, dénonciations… La violence avec laquelle la colère se manifeste à présent est inédite car exprimée par un sujet nouveau : l’individu tyran. Né avec les progrès technologiques récents, l’apparition d’internet, du smartphone et les bouleversements induits par la révolution numérique, c’est un être ultra connecté, replié sur sa subjectivité, conforté dans l’idée qu’il est le centre du monde, qu’il peut tout savoir, tout faire, convaincu de pouvoir peser sur le cours des choses. Jamais combinaison n’aura été plus explosive : les crises économiques renforcent l’impression d’être dépossédé, la technologie celle d’être tout-puissant. Plane la menace d’un "totalitarisme de la multitude".
VIDÉOS
Comment l'individualisme transforme-t-il le lien social ?
Les Bons Profs, 4 min, avril 2016
Une vidéo de SES Terminale pour comprendre comment l'individualisme transforme le lien social avec les notions de solidarités mécanique et organique.
Groupe d'appartenance et de référence
Belin éducation, 2 min 50
L'analyse des sociétés occidentales organisées en classes sociales est remise en cause par l'idée que celles-ci sont en fait de plus en plus structurées par des formes d'individualisation ou d'individualisme.
"La loi de la jungle, c’est aussi la loi de l’entraide"
L’Obs, 8 min 36, (2017)
Pourquoi l’individualisme, peu adapté à la survie de l’espèce, est à la hausse ? L’homme est fait de contradictions. Cet animal social ne peut vivre seul. Pourtant, son besoin de liberté et sa volonté de puissance l’opposent constamment aux autres. Et si la socialisation est la stratégie adaptative la plus efficace, c’est l’individualisme qu’il affectionne à présent.
La chaîne de Jean-Michel Cornu
Jean-Michel Cornu est auteur du Guide de l'animateur, une heure par semaine pour animer une grande communauté, paru aux éditions Fyp et disponible sur son site Internet. Sa chaîne YouTube propose des dizaines de courtes vidéos de moins de 10 min sur la coopération et l'animation de groupes et de communautés, comme Quelle est la juste place du collectif dans un groupe ?.
Fabrice Midal présente la Tyrannie de la norme de Todd Rose
Place des éditeurs, 3 min 03 (2017)
À l’école, à l’université, dans l’entreprise, l’important serait d’être dans la norme. Mais vous êtes-vous déjà posé la question : cette norme, à quoi correspond-elle ? Réponse : à rien !
Le conformisme social
Groupe et modification du comportement (expérience de conformisme), 3 min 41 (2016)
Comment le conformisme social modèle-t-il nos comportements ? Découvrez l’expérience étonnante reproduite par National Geographic sur la "tyrannie de la majorité" et la puissance de notre besoin de conformité au groupe !
L’expérience de Asch – le conformisme social
Mister Fanjo, 4 min 17 (2020)
L’expérience de Asch fait écho à un biais comportemental : celui du mimétisme de la foule ou le comportement moutonnier. Nous avons tendance à nous comporter comme les gens qui nous entourent.
La fin d’un monde commun ? Éric Sadin
Thinkerview, 3 heures (2020)
Interviewé par la chaîne YouTube Thinkerview, Éric Sadin, auteur de l’ouvrage L'ère de l'individu tyran : la fin d'un monde commun (voir plus haut), présente dans ce long entretien son point de vue sur l’individualisme qui règne dans nos sociétés, au détriment du collectif, avec les risques que cela comporte.
> Retrouvez ici le n° 225 du Journal de l’Animation (janvier 2022)
- Titre :
- 15 ressources pour contrer l’individualisme et la quête identitaire
- Auteur :
- Jacques Trémintin
- Publication :
- 24 novembre 2024
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/1092
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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