Colos bien-être, colos dangereuses ?
Quelques structures commerciales ou associatives développent des colos « bien-être » et/ou « relaxation ». Or l’apparition du développement personnel dans les colos pose des questions tant sur leur sécurité que sur le sens même des vacances collectives.
Le développement personnel est un secteur d’activité particulièrement scruté pour ses dérives sectaires. Parmi ses acteurs, on peut trouver des personnes aux pratiques respectueuses mais aussi des pseudo-gourous et des cupides. Si un récent projet de loi tente de protéger les victimes de celles et ceux qui abusent de leur vulnérabilité, rien ne garantit aujourd’hui qu’un sophrologue, prof de méditation, coach, naturopathe, yogiste du rire ou qu’une personne formée à la méthode Pilates ou aux ennéagrammes ne soit pas un escroc manipulateur. C’est pourtant ce que vendent les marchands de colos, par opportunisme commercial… ou par convictions « néo-ruralisantes-écolos » ? Qui les contrôle ? Pas grand monde. Il serait urgent que la Miviludes (1) crée un axe particulier sur les ACM !
Les intervenants du « bien-être » sont déjà parfois dangereux pour des adultes vulnérables, alors en colo où les enfants sont fragilisés par l’éloignement de leur famille et leur solitude, ces personnages risquent de produire des ravages psychiques et physiques. Si certains adultes et parents sont aidés par ces pseudos-sciences, tant mieux… Mais c’est loin d’être une évidence pour les enfants.
Altruisme plutôt qu’égoïsme
Quant au sens de vacances collectives destinées à construire individuellement son propre bien-être, je ne le comprends pas. Quel est l’intérêt de partir en groupe pour pratiquer majoritairement des activités purement individuelles voire individualistes ? Construire un droit pour tous au développement personnel animé par des charlatans ? Les organisateurs de ces colos confondent deux notions : l’individualisation et l’individualisme. La première permet à l’enfant de se construire AVEC et GRÂCE aux autres enfants, donc de penser l’altruisme ; le second de produire de futurs adultes centrés sur eux-mêmes, où l’autre ne sera utile qu’à leur propre service, donc de penser l’égoïsme.
Dans le projet éducatif d’une colo « bien-être », on peut lire : « Pour apprendre, il faut avoir envie, pour avoir envie, il faut être libre de faire ce que l’on veut. Pour être libre de faire ce que l’on veut, il faut disposer des moyens. » Quel baratin !
(1) Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires : www.miviludes.interieur.gouv.fr/
- Titre :
- Colos bien-être, colos dangereuses ?
- Auteur :
- Jean-Michel Bocquet
- Publication :
- 22 décembre 2024
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/2310
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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