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Écouter les enfants, une urgence éducative

Chapo

Bétharram, Riaumont, Châteauroux… les violences sur les enfants dans des établissements scolaires font la une de l’actualité. Mais qu’en est-il dans les ACM ? Que fait-on de la parole des enfants en ACM ? Deux rapports répondent à cette question et ce n’est pas glorieux.

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© Laurence Fragnol
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La parole ignorée

Les Francas ont publié en 2023 un rapport (1) sur les accueils de loisirs du mercredi. Il montre que les organisations sont rigides, que le programme d’activités et la journée-type sont rois, que les enfants ne décident de rien, même si parfois ils peuvent choisir. Bref, l’accueil est pensé par les adultes, les enfants n’ont pas (beaucoup) leur mot à dire.

L’Injep a pour sa part étudié la participation des enfants dans les ACM, et le rapport (2) publié en janvier dernier est sévère. Sa conclusion indique que le point de vue des enfants n’est pas pris en compte et que « cette forme d’accueil généralisée participe de la désaffection des enfants pour les ACM ». Ces deux études montrent que les adultes décident de tout en ACM, et que les demandes des enfants ne sont jamais entendues, bien que connues : souplesse dans les horaires, liberté plus grande, disparition des groupes par âge, possibilité de temps libre, choix plus importants dans les activités, etc. Or ce déni de la parole des enfants produit de la violence.

La fabrication de la violence

Les Francas rappellent aussi que ces organisations, programmes et activités sont des éléments du plaidoyer pour la fonction éducative des ACM : que cherche-t-on en faisant vivre aux enfants des institutions où leur parole n’est pas entendue, où l’adulte est central et décide de (presque) tout, où l’enfant n’a que peu de liberté, où il ne vit qu’avec d’autres enfants du même âge, souvent du même quartier, où il ne peut décider des manières de vivre ensemble ? Quelle image donnons-nous aux enfants de ce que sont les adultes ? Comment les préparons-nous au monde qui les attend ? Ces manières de faire société produisent des violences et surtout construisent les citoyens de demain qui reproduiront ces violences.

Les futurs Bétharram naissent dans nos pratiques actuelles. Nous préparons nos enfants à accepter la soumission et la domination par la violence, que ces violences soient personnelles ou institutionnelles, qu’elles soient horribles et graves comme diffuses et structurelles. La violence d’aujourd’hui prépare la violence de demain. L’enfant d’aujourd’hui sera le décideur de demain, le populiste d’aujourd’hui était enfant il y a 20 ou 30 ans. Si nous ne faisons rien, nous savons où nous irons, les États-Unis nous devancent.

(1) Le mercredi, une parenthèse dans la vie des enfants, Les Francas, juin 2023.

(2) La difficile prise en compte du point de vue des enfants ou les limites de l’organisation des accueils collectifs de mineurs, Injep, janvier 2025. 

Titre :
Écouter les enfants, une urgence éducative
Auteur :
Jean-Michel Bocquet
Publication :
29 avril 2025
Source :
https://www.jdanimation.fr/node/2763
Droits :
© Martin Média / Le Journal de l'Animation

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