Peut-on vraiment considérer ces millions de jeunes qui ne partent jamais comme une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien faire ? Des associations, des fédérations, des collectivités se battent pourtant contre cette injustice et, vous aussi, pouvez modestement le faire, à votre échelle.
Revenir sur les dernières études traitant des jeunes qui ne partent pas ou peu en séjours de vacances, c’est mieux comprendre la situation actuelle et l’impact important de la crise sanitaire sur les départs.
Passionné de philosophie qu’il a étudiée jusqu’en maîtrise, Dan Duchateau n’a nulle intention de se transformer en un savant érudit s’enfermant dans l’abstraction. Sa quête consiste à faire de son savoir un outil pratique, utile et vivant. Il se qualifie lui-même d’expert du système D. Alliant connaissances et applications concrètes, il était bien placé pour nous éclairer sur les modalités nous permettant de favoriser la dispute sur la polémique.
L’Éducation nationale est la première institution de l’enfance portant la responsabilité d’une éducation à la dispute respectueuse et constructive. Mais l’Éducation populaire a aussi un rôle à jouer pour entraîner les jeunes publics aux bons réflexes.
Ce sont des procédés courants utilisés pour invalider la thèse adverse. L’objectif n’est pas d’échanger des idées mais de piéger, pas de convaincre mais de vaincre, pas de débattre, mais de battre. Les nommer permet de les neutraliser.
La duplicité qui parcourt trop souvent les conversations n’est-elle pas vieille comme l’humanité ? Mais la probité, son contraire, n’a pas été absente de notre longue histoire. Un petit retour en arrière permet de mesurer leur influence respective.
Bénéficiaire d’une bourse, car issu d’une famille pauvre, Jean-Paul Delahaye a toujours refusé de cautionner le système scolaire inégalitaire en servant d’« exception consolante ». Conseiller spécial de Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation nationale, il a été nommé Directeur général de l’enseignement scolaire de 2012 à 2014, jouant un rôle majeur dans la loi de refondation de l’école.
Les nombreuses études menées sur la question scolaire, depuis les années 1970, ont toutes abouti aux mêmes conclusions : le poids considérable de l’origine sociale dans le parcours scolaire des enfants. Sébastien Goudeau, maître de conférences à l’Université de Poitiers/CNRS, nous explique combien les inégalités sociales à l’école sont le reflet de celles qui règnent dans le reste de la société et de quelle manière il serait possible de changer la donne.
Si certains enfants sont aidés par leurs parents dans l’accompagnement de leur scolarité, d’autres ne peuvent en bénéficier, ce qui aggrave les effets des inégalités sociales. Le monde de l’animation tente d’y répondre à son échelle, en mobilisant de nombreux professionnels et bénévoles.
À défaut de changer ce qui n’est après tout que le reflet d’une société fondée sur la division en classes sociales, une multitude de dispositifs a émergé dans et hors l’Éducation nationale, pour tenter de contrer les effets des inégalités sociales.
Le système scolaire français s’est construit sur trois idéaux : la méritocratie, l’égalité et l’universalisme. Autant de fictions laissant croire à une école de la connaissance derrière lesquelles se cache l’école de la performance au service de l’élite.
Édith Maruéjouls, géographe du genre : "Filles/garçons : partager les jeux et la cour de récréation"
Cela fait douze ans qu’Édith Maruéjouls sillonne la France, à la tête de son bureau d’études spécialisé dans l’aménagement égalitaire des espaces et la lutte contre les stéréotypes de genre. Elle accompagne des projets de restructuration mais aussi de construction d’établissements scolaires et publics, quand la collectivité sollicite son expertise. Elle nous explique le sens et les modalités de son travail, qui peut aussi alimenter la réflexion et les pratiques des animateurs.