Les ACM pour éprouver la démocratie

Nos hommes et femmes politiques auraient bien besoin de se poser cette question. J’en ajoute une : la démocratie se réduit-elle à des votes et des majorités ? La séquence politique qui s’est achevée fin septembre prouve que non, les Jeux paralympiques montrent que même lors de cette période, nos villes, nos structures, nos manières de vivre ne sont pas inclusives. Notre école, nos centres de loisirs ne permettent pas aux enfants de s’essayer à construire une société où chacun·e a sa place, peut donner son avis et être entendu·e, où même les minoritaires peuvent apporter à la vie et à la construction collective.

L’école est empêtrée dans ses enjeux d’évaluation, de sélection, mise sous pression par des parents qui ne veulent que la réussite individuelle de leur rejeton et dans les combats internes : conditions de travail, salaires, autorité, savoirs… Elle n’est pas, ou plus, le lieu où les enfants prennent le temps d’essayer de faire société.

Les délires de quelques leaders d’opinion aboyant à tout-va sur le fait qu’il faut de l’autorité, de l’uniformité et que les enfants en situation de handicap ou en échec doivent être exclus de l’école, ne font que cristalliser un débat stérile, populiste et dangereux. Fabrique de haine et de séparation.

Faire société tous ensemble

Si l’école ne le fait pas, qui d’autre ? Bien évidemment les colos et les centres de loisirs, qui aujourd’hui ne le font pas non plus, mais pourraient s’y atteler. Deux conditions sont nécessaires : des politiques publiques de mixité ET des pédagogies construites pour apprendre à faire société ensemble, tous ensemble. Ces pédagogies existent, elles sont écrites, contemporaines ; elles s’appellent pédagogies de la liberté, de la décision, coopératives, institutionnelles. Les deux premières sont nées dans les accueils collectifs de mineurs.

Que serait notre pays si nos élu·es, enseignant·es, animateur·ices étaient tous·tes passé·es enfants par des lieux où chacun·e s’essaye à la démocratie ? Aurait-on autant d’égocentriques au pouvoir ? D’idéologues ? De gens qui n’aiment que fracturer/violenter ? Aurait-on si peu de personnes en situation de vulnérabilité au parlement ?

Il est urgent de changer les accueils collectifs de mineurs. Aux collectivités territoriales d’agir, encore faut-il en avoir le courage et la volonté politique !