Qu’est-ce qu’un dessin réaliste?
Par définition, un dessin réaliste cherche à décrire le réel, mais cette définition pose une nouvelle question : qu’est-ce que le réel ? Nous pouvons distinguer trois types de réalismes : le réalisme émotionnel, le réalisme intellectuel et le réalisme visuel.
Le réalisme émotionnel et corporel
De très nombreuses images d’apprentis de tous âges relèvent de ce réalisme émotionnel et corporel. Quand un tout-petit dessine un bonhomme-tétard (exemple ci-contre), il représente une réalité sensorielle, il représente ce qu’il ressent de lui-même : un noyau plein, d’où partent des tentacules qui rentrent en contact avec l’extérieur. Le bonhomme-tétard est un dessin juste au niveau du ressenti corporel et émotionnel, mais qui ne correspond pas à l’image objective d’un personnage.
Le réalisme intellectuel
Ce type de réalisme concerne globalement les enfants entre 5 et 10 ans, mais aussi tous ceux, plus âgés et même adultes, qui n’ont pas l’habitude de dessiner.
Le dessinateur cherche à dresser un inventaire de tout ce qu’il connaît du motif. Il s’agit d’énumérer des éléments, mais surtout de décrire comment ils sont reliés, comment ça fonctionne. Dessiner fait appel ainsi au raisonnement : le monde est organisé selon certaines règles de logique qu’il s’agit de décoder. Ce sont des dessins exécutés sans regarder un modèle, ce qui met la mémoire et le raisonnement en jeu ; le dessinateur se crée « un modèle interne » de l’objet, mais ce n’est possible que pour les éléments qu’il connaît bien. Le réalisme intellectuel est ainsi un mode d’apprentissage technique, voire scientifique. Pour cette raison, il pourrait être utilisé de façon beaucoup plus importante dans la formation du raisonnement.
En voici quelques exemples :
On peut expliquer plus de choses quand on montre l’objet ou la scène sous différents angles : le même dessin représente souvent l’objet en même temps vu de face et vu de profil, ou vu de face et vu du dessus. Les ailes de cet avion sont vues du haut, la carlingue est vue de profil. Les roues sont posées sur le sol ; elles doivent être plus basses que les ailes, et doivent être reliées à la carlingue : il y a une logique dans ce dessin, même s’il ne correspond pas à l’image que nous aurions d’un avion sur le tarmac.
Le réalisme intellectuel débouche très souvent sur des dessins qui ne correspondent pas à ce que nous voyons. Par exemple, une table est constituée d’un plateau rectangulaire, horizontal, et de quatre pieds verticaux, de même longueur, parallèles, tous posés sur le même sol, qui partent chacun d’un coin du rectangle. Les enfants essaient diverses solutions, mais aucune ne coche toutes les cases. Les dessins en perspective sont également rejetés car le plateau n’est pas un rectangle.
Le réalisme visuel
En grandissant, l’enfant se rend compte que le réalisme intellectuel ne représente pas ce qu’il voit ; il cherche de plus en plus à représenter ce qu’il voit de son motif, pour que son dessin puisse ressembler à l’image que donnerait une photo de ce motif. C’est à ce moment que beaucoup déclarent « Je ne sais pas dessiner, je suis nul en dessin », car ils ne savent pas comment rectifier.
Là peut intervenir l’apprentissage, avec des conseils techniques. Nous vous donnerons plus loin des astuces qui facilitent la représentation réaliste.
La plupart du temps, ces trois types de réalismes cohabitent dans le même dessin, dans des proportions variables. Même les artistes qui se situent dans le domaine du réalisme cherchent à expliquer pourquoi le monde leur apparaît ainsi, et modifient plus ou moins l’aspect extérieur en fonction de leurs émotions.
Un exemple d’évolution du dessin d’enfant : un animal
Comprendre les étapes habituelles permet d’aider l’apprenti : il s’agit de lui proposer non pas l’étape finale, mais seulement l’étape suivante, pour ne pas brûler les étapes, pour lui proposer une amélioration qu’il pourra peut-être intégrer.
Reformuler le dessin
Quand un enfant ou un adolescent demande si son dessin est beau, le mieux est d’éviter de répondre directement à cette question. En fait, celui qui pose cette question recherche surtout que l’on s’intéresse à lui. Il s’agit alors de reformuler ce qui semble le plus important dans ce dessin, en fonction du type de réalisme qui prédomine.
Quand le dessin semble surtout émotionnel, il serait blessant et contre-productif de faire remarquer des erreurs de proportions ou de logique. La bonne réponse est plutôt de reformuler ce qui est sur l’image, en se montrant concerné par l’émotion, avec empathie : « Ce monstre a des énormes dents, il semble bien dangereux, et ce personnage est tout petit devant lui, tout seul, il a peut-être peur ? » ou « Il y a de bien belles fleurs à côté de cette maison, ce doit être bien agréable d’habiter dedans. »
Quand le dessin relève plutôt du réalisme intellectuel, se placer dans le même type de réalisme pour répondre. Par exemple « On comprend bien qu’il y a des maisons des deux côtés de la rue » ou « C’est une voiture qui a des essuie-glaces, des rétroviseurs, des phares avant et des lumières arrière ».
Souvent, le dessin raconte une scène, et il s’agit de s’intéresser à ce qui se passe, et aussi à ce qui s’est passé avant, et ce qui se passera ensuite.
- Titre :
- Qu’est-ce qu’un dessin réaliste?
- Auteur :
- Évelyne Odier
- Publication :
- 21 décembre 2024
- Source :
- https://www.jdanimation.fr/node/2528
- Droits :
- © Martin Média / Le Journal de l'Animation
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