Réveillez le créatif qui est en vous !

« Help, ma direction m’a demandé de préparer une grande animation sur le thème de [complétez par vous-même]. Je n’ai pas d’idées, j’ai besoin de vous ! » Ce type d’appel à l’aide est malheureusement fréquent sur les réseaux sociaux. Malheureusement, parce qu’une direction ne devrait pas « imposer » une thématique à son équipe d’animation ; c’est contre-productif, car il est difficile d’investir ce que l’on n’a pas choisi, et un programme d’activités doit être coconstruit, à la manière d’un projet pédagogique.

Ce n’est pas toutefois ce qui m’intéressait en premier lieu dans cet appel à l’aide. À vrai dire, je m’étais arrêté sur l’absence d’idées du professionnel. Il n’y a rien de choquant à ne pas avoir une idée à la seconde : le métier d’animateur exige de renouveler régulièrement ses activités, ses supports de jeu… mais aussi l’imaginaire qui donne un caractère unique à chaque animation ou semaine à thème. « Sécher », « être à court d’idées »… est donc logique ; c’est même le quotidien de tous les métiers dits « créatifs ».

Pour autant, il est impossible de se débiner : il faut imaginer, car les jeunes attendent de la surprise de la part de leur « formidable » équipe d’animation. C’est l’objectif de ce dossier : vous donner des conseils et des astuces pour stimuler votre imagination (et celle de l’équipe) et aussi construire un imaginaire chaque fois différent.

Qu’est-ce que l’imagination ?

« L’imagination est un processus mental très présent dans notre vie quotidienne, sans toujours que nous nous en apercevions. Le cerveau est sans cesse en activité, même “lorsqu’on ne pense à rien” ». Notre activité mentale se passe majoritairement en dehors de notre conscience, et une partie de cette activité non consciente correspond à l’imagination. Cet éclaircissement de La Main à la pâte nous autorise à réaffirmer que tout le monde a bel et bien de l’imagination. Et, comme on peut parfois l’entendre, qu’elle n’est pas l’apanage des seuls enfants !

Dans Le Larousse, l’imagination est « la faculté de l’esprit d’évoquer, sous forme d’images mentales, des objets ou des faits connus par une perception, une expérience antérieures ». Par exemple, si je vous demande de différencier un aigle d’un dauphin, vous commencerez à coup sûr par visualiser dans votre esprit ces deux animaux. C’est aussi la capacité qui nous permet de représenter et manipuler mentalement un objet, d’élaborer des images et des conceptions nouvelles… et également d’échapper aux contraintes du monde physique et d’expérimenter et découvrir le réel autrement.

L’imagination est par ailleurs « la fonction par laquelle l’esprit voit, se représente, sous une forme sensible, concrète, des êtres, des choses, des situations dont il n’a pas eu une expérience directe ». C’est un des points sur lesquels nous nous attarderons : cette capacité qui nous donne la possibilité d’investir un thème, pas ou peu familier, à partir de ce que nous avons vécu et de ce que nous connaissons.

Transporter son public

Il peut paraître étonnant à certains d’entre vous que nous consacrions une part importante des pages suivantes à la construction d’un imaginaire. Nous souhaitions en effet traiter la préparation de la fabulation qui est, rappelons-le, l’action de présenter et de développer un imaginaire voire un thème, en s’appuyant sur des décors, des saynètes, de la musique… À nos yeux, la fabulation est l’une des solutions pour graver des souvenirs dans les mémoires des jeunes et de donner à un groupe une mémoire commune.

Comme vous le découvrirez toutefois, les techniques et procédés présentés dans les fiches « Je suis à court d’idées » et « J’ai une idée à développer » peuvent être exploités lors de l’élaboration d’un programme d’activités ou pour trouver une nouvelle grande idée de projet d’animation.

J’insisterai sur un point : les conseils et supports détaillés ne s’adapteront peut-être pas à tous ni à toutes les équipes d’animation. Ce ne sont pas des recettes miracles et, parfois, il faudra s’y prendre à plusieurs reprises pour vraiment parvenir à se les approprier. L’imagination se travaille.

De même, notre capacité à imaginer est influencée par notre état psychique et psychologique (fatigue mentale, soucis du quotidien, qualité de l’environnement de travail, etc.), et pour l’exploiter pleinement, il faut commencer par prendre soin de soi et retrouver sa sérénité.