Jean-Michel Bocquet est pédagogue, chargé de cours en sciences de l’éducation à l’université Sorbonne Paris Nord et à l’Institut catholique de Paris, conseiller technique à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Chroniqueur pour Le Journal de l’Animation, il interroge les questions éducatives et pédagogiques liées au secteur de l’animation.
Fallait-il dans ce dossier donner la parole aux protagonistes d’une polémique aux échos belliqueux ? Nous avons plutôt cherché une personne ressource privilégiant la nuance. Marie Chetrit s’est imposée comme l’interlocutrice idoine : convaincue par l’éducation positive, elle n’hésite toutefois pas à en critiquer les dérives. Scientifique de métier, elle est mère de quatre enfants.
La continuité que l’adulte cultive dans sa relation à l’enfant peut-elle connaître des interruptions ? Quelles sont les conditions permettant à cette suspension de survenir sans conséquences négatives ? Comment agir pour la rendre constructive ?
L’immaturité de l’enfant ne lui permet pas de réussir à gérer toutes les frustrations que la vie lui réserve. Sa construction psychique doit être soutenue et accompagnée par l’adulte… en attendant qu’il puisse les assumer par lui-même.
L’éducation positive propose une véritable révolution. Ce n’est plus à l’enfant de s’adapter au monde des adultes, mais le contraire. L’attention, la bienveillance et l’écoute qui lui sont alors portées respectent son rythme et ses besoins.
Bénéficiaire d’une bourse, car issu d’une famille pauvre, Jean-Paul Delahaye a toujours refusé de cautionner le système scolaire inégalitaire en servant d’« exception consolante ». Conseiller spécial de Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation nationale, il a été nommé Directeur général de l’enseignement scolaire de 2012 à 2014, jouant un rôle majeur dans la loi de refondation de l’école.
Les nombreuses études menées sur la question scolaire, depuis les années 1970, ont toutes abouti aux mêmes conclusions : le poids considérable de l’origine sociale dans le parcours scolaire des enfants. Sébastien Goudeau, maître de conférences à l’Université de Poitiers/CNRS, nous explique combien les inégalités sociales à l’école sont le reflet de celles qui règnent dans le reste de la société et de quelle manière il serait possible de changer la donne.
Si certains enfants sont aidés par leurs parents dans l’accompagnement de leur scolarité, d’autres ne peuvent en bénéficier, ce qui aggrave les effets des inégalités sociales. Le monde de l’animation tente d’y répondre à son échelle, en mobilisant de nombreux professionnels et bénévoles.
À défaut de changer ce qui n’est après tout que le reflet d’une société fondée sur la division en classes sociales, une multitude de dispositifs a émergé dans et hors l’Éducation nationale, pour tenter de contrer les effets des inégalités sociales.
Le système scolaire français s’est construit sur trois idéaux : la méritocratie, l’égalité et l’universalisme. Autant de fictions laissant croire à une école de la connaissance derrière lesquelles se cache l’école de la performance au service de l’élite.